Courrier d'Erquy environnement au prefet de region
ERQUY ENVIRONNEMENT
Le 13 août 2014
Monsieur Patrick STRZODA
Préfet de la Région Bretagne
3 avenue de la Préfecture
35026 RENNES CEDEX 6
LETTRE RECOMMANDEE
AVEC ACCUSE DE RECEPTION
Monsieur le Préfet,
En ma qualité de Présidente de cette association environnementale d’Erquy, dont la majeure partie des membres du « collectif de Caroual » est adhérente, je me permets de vous saisir d’un dossier important pour la population.
En effet, il est prévu à 17 km au large du Cap d’Erquy en baie de Saint-Brieuc l’installation d’une soixantaine d’éoliennes de 215 m de haut pour une puissance potentielle de 500 MW. Les câbles transportant l’électricité seront ensouillés pour atterrir sur la plage de Caroual à Erquy puis enterrés pour rejoindre le poste du réseau national de la Doberie en commune d’Hénansal. Il s’agit de deux câbles triphasés de 225 000 volts chacun ; le raccordement entre les câbles sous-marins et souterrains est prévu au niveau d’un parking pour voitures attenant à la plage.
RTE chargé de ce raccordement a tenu plusieurs réunions d’information auprès de la population afin de la rassurer, de lui assurer qu’il n’y avait aucun danger.
Tel n’est pas notre avis, et la position divisée de la communauté scientifique atteste du risque sanitaire des champs électro-magnétiques des lignes à haute tension, tel que cela ressort a contrario d’une déclaration de RTE « on peut réduire le champ électro-magnétique émis par une ligne souterraine, soit en transformant le courant alternatif en courant continu (mais c’est difficile à mettre en œuvre à grande échelle et très onéreux) soit en utilisant des protections en matériaux amagnétiques (extrêmement coûteux) ; ces solutions sont donc peu réalistes techniquement et économiquement ».
Ainsi RTE préconise « dans le cadre de la création de nouvelles lignes, de privilégier les tracés éloignés des habitations ».
Interrogé sur l’intérêt efficacité/coût de l’enfouissement, Monsieur Desquilbet qui intervenait pour RTE a déclaré que « l’enfouissement d’une ligne sous un chemin n’est pas pertinent car le champ sera sensiblement le même que sous une ligne aérienne au droit du chemin ».
Dans un rapport du Sénat n° 506 sur «les effets sur la santé et l’environnement des champs électro-magnétiques produits par les lignes à haute tension et très haute tension», Monsieur Raoult, rapporteur, cite le Professeur Dominique Belpomme et « l’hypothèse d’une désorientation des cellules provoquée par les champs électro-magnétiques. Ils seraient alors à l’origine de mutations cancéreuses ».
A ce risque direct pour la santé des personnes exposées, il faut inclure les effets anxiogènes de l’exposition, ce que décrit très bien le Professeur Aurengo Chef du service de médecine nucléaire à la Pitié-Salpêtrière ; « les champs électriques et magnétiques de fréquence basse, mystérieux, invisibles, impalpables et d’autant plus menaçants seraient responsables, pour 75 % des Européens, de stress, de nervosité, d’irritabilité et d’insomnies, mais surtout l’augmentation du nombre de cancers, notamment de leucémies infantiles », thèse confirmée par le Centre International de Recherche sur le Cancer de l’OMS qui a classé les champs électromagnétiques comme « peut-être cancérigènes pour le risque de leucémie chez l’enfant ».
Nous voudrions ici faire effectivement référence à une autre source de perturbation sur la santé : l’anxiété. C’est à ce titre que des milliers de travailleurs de l’amiante se sont vu reconnaître depuis un arrêt de la Cour de Cassation en 2010, position confirmée à deux reprises depuis, un préjudice d’anxiété conduisant à condamner les employeurs à les indemniser au titre de l’obligation de sécurité de résultat mise à la charge de tout employeur depuis un arrêt de la Haute Cour de 2002.
Sur le « terrain de l’énergie » qui nous préoccupe au premier chef, il est tout aussi aisé de démontrer la causalité entre l’anxiété, ses conséquences sur la santé de la population et la proximité des champs électro-magnétiques. Cette fois, c’est EDF qui serait appelé à indemniser les victimes du préjudice d’anxiété, en attendant que le lien soit démontré avec certains cancers, et, cette fois, à défaut d’avoir fait jouer le principe de précaution, l’Etat sera mis en cause…. et cela bien que l’on ne puisse lui imputer la même obligation de sécurité de résultat !
Les câbles éoliens arriveront sur la plage de Caroual à Erquy, la plage la plus fréquentée par les familles, les colonies de vacances, centres aérés, chars à voile et autres sports nautiques.
A proximité se trouve le Viaduc de Caroual construit en 1919 et inscrit par décret du 3 mars 2014 au titre des Monuments Historiques, ce qui entraîne certaines contraintes environnementales.
Un collectif a été créé par la population, des manifestations préventives ont eu lieu et continueront pour demander que le trajet d’implantation de ces câbles soit modifié, qu’ils ne passent pas à proximité des habitations (moins de 100 mètres). D’autres solutions qui ont l’avantage de ne pas comprendre de zone habitée à proximité existent et sont à étudier.
Des milliers de pétitions ont été recueillies depuis le début du mois de juillet, d’autres sont en cours de signature. Nous vous les adresserons le moment venu.
Monsieur le Préfet, avant d’aller plus avant, nous vous demandons instamment de reconsidérer le choix qui a été fait le 13 décembre 2013 lors du comité de suivi sur l’éolien présidé par Monsieur le Préfet des Côtes d’Armor.
Encore une fois, puisqu’aucune donnée scientifique ne permet d’évacuer la relation entre les champs électro-magnétiques et la survenance de certains cancers, dont la leucémie infantile, quand bien même s’agirait-il de trois à cinq cas par an, il est nécessaire au nom du principe de précaution de reconsidérer le tracé de ces câbles.
Le fait pour l'APSEE de se préoccuper et de prendre en compte les inquiétudes manifestées par les habitants d’Erquy et des communes avoisinantes sur les conséquences néfastes de l'atterrage et du passage terrestre des câbles sur la plage de Caroual, n'entame en rien la position de refus de ce projet éolien dans la baie de Saint-brieuc de notre association et notre détermination à poursuivre notre action d’information objective sur ses méfaits environnementaux, économiques, financiers.
Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en ma haute considération.
Marie-Paule ALLAIN
Présidente
Copie à Monsieur le Préfet des Côtes d’Armor
Monsieur le Président du Conseil Général
RTE
Madame le Maire d’Erquy
ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES SITES D’ERQUY ET SES ENVIRONS
chez MP Allain 8 rue des Côtières 22430 ERQUY
e.mail erquyenvironnement@gmail.com Tél. 06 88 93 77 74